REEDUCATION APRES PROTHESE D’EPAULE

Dr Gérard Johann van Miltenburg, Paris, 2000

 

Elle est capitale et assure au moins 50% du résultat final [1].

RISQUE MAJEUR : LA RAIDEUR DE L'EPAULE par :

- hémarthrose, source de fibrose intra articulaire ;

- hématome péri articulaire, source d’adhérences au niveau des bourses séreuses ;

- contusion musculaire, source de sidération ;

- déchirures capsulaires, source d’instabilité et pouvant conduire à limiter provisoirement la rééducation dans les rotations ;

- suture des tubérosités. Délai de consolidation osseuse : 45 à 60 jours.

La lutte contre la raideur ne peut se faire qu’à l’aide d’exercices passifs et doit être le souci constant du patient, du chirurgien et du rééducateur. Il faut informer et motiver le patient [2].

Dès le soir de l’intervention, l’écharpe est retirée et on demande au patient de mobiliser activement les doigts, le poignet et le coude. Ces exercices sont reproduits au lit dans les jours suivants, 5 à 6 fois par jour pendant quelques minutes. Le lever s’effectue bras en écharpe.

Dès l’ablation du drain (48 heures) : exercices pendulaires brefs et répétitifs dans la journée.

Le principe fondamental qui va guider toute la rééducation est la récupération maximale des amplitudes articulaires passives avant tout travail actif. [3].

- L’élévation passive est travaillée au début par les mouvements pendulaires puis rapidement en décubitus dorsal, coude tendu, en s’aidant de profondes respirations permettant de gagner quelques degrés lors de chaque inspiration.

- La rotation externe est travaillée en maintenant le coude au corps. La rotation interne s’effectue main dans le dos.

- Les exercices actifs débutent après l'évidence radiographique de la consolidation des tubérosités, soit habituellement 6 semaines [4].

-    Etirements musculaires.

- Renforcement musculaire en dynamique excentrique puis concentrique.

- Proprioceptivité dans tous les degrés de liberté.

Durée de la rééducation: 4 mois environ. Balnéothérapie si possible.

Puis : pratique d'une activité physique ou sportive adaptée afin d'affiner le résultat de la chirurgie.

 

A TITRE INDICATIF :

Etude faite entre 1991 et 1995 au Centre de Rééducation Hélio Marin de Vallauris. Concernant 46 épaules opérées par prothèse d’épaule suite à une fracture complexe de l’extrémité supérieure de l’humérus : prothèses de NEER : 27 cas ; prothèses Global : 2 cas ; prothèses Aequalis (Rx1 et Rx2) [5] : 17 cas. Traitement : rééducation, balnéothérapie et ergothérapie. Très nette prédominance féminine avec 39 femmes (80%) pour 5 hommes. Age moyen des patients : 68 ans. Nombreuses tares compliquant souvent la tâche de l’équipe de rééducation : alcoolisme, atteinte neuro-psychiatriques et problèmes cardio-vasculaires.

Résultats à 6 mois :

Sur le plan fonctionnel :

Excellent = 4 patients (8,8%), bon = 1 (2,2%), moyen = 16 (35,5%), mauvais = 24 (53,5%).

Sur le plan de la douleur :

Moyenne = 9,5 points (sur 15 points). Epaule totalement indolore (score égal à 15) dans 12 cas (27%), peu douloureuse (score entre 10 et 14) dans 18 cas (40%), importantes (scores entre 5 et 10) dans 11 cas (24,5%) et sévères dans 4 cas (8,5%).

En début de rééducation, la douleur a été jugée gênante pour la rééducation dans 37% des cas.

Sur le plan de la mobilité active :

Moyenne = 18,2 points sur 40. Flexion = 95 degrés en moyenne (124 degrés en passif). La rotation externe = 20 degrés et la rotation interne permet d’atteindre en moyenne L5.

Force en flexion : moyenne = 2 kg.

Sur le plan de l'activité :

Moyenne = 12,5 points sur 20. 64% des patients ont une fonction normale ou bonne, 16% une fonction difficile et 20% une fonction impossible.

 

BIBLIOGRAPHIE :

1 - B. CORDERO, F. PAYEUR, R. SINNERTON, P. BOILEAU. Planete Ortho sur le web, octobre 1998.

2 - HUGUES et NEER. Impingement lesions. Clin Orthop 1983.

3 - L. SIMON J. RONDEAU. Epaule et médecine de rééducation. Pathologie Locomotrice. Ed. Masson 1984.

4 - MAZAS Y., LANOY J.F., ADELE M.F. Isocinétisme et instabilité de l'épaule. Progrès en Médecine Physique et Réadaptation (2ème série), Masson, Paris, p. 54-62, 1998.

5 - BOILEAU P. CHU de Nice, WALCH G. Clinique St Anne Lumière de Lyon : Le Journal Français de l’Orthopédie